Extraits de la brochure "La Deveze et son Histoire" disponible à la mairie de Ladevèze Rivière, texte de M Bertrand Boquien, historien et archéologue ayant participé à la création de l'association :

 

 

Jusqu'à la Révolution, les communes actuelles de Ladevèze-Ville et de Ladevèze-Rivière formaient une unique communauté : LA DEVEZE ou Ladevèze.

Le centre de cette communauté était le bourg de Ladevèze, appelé "La ville". C'était autrefois "un des plus importants Castelnaux de la Gascogne",

Ce bourg (aujourd'hui hameau de la Madeleine) s'est peu à peu dépeuplé.

Mais il subsiste encore des vestiges importants de son enceinte médiévale.

Le bourg de La Devèze occupait un site remarquable, à la confluence de l'Adour et de son affluent, l'Arros.

Le bourg regardait l'une des deux vallées : celle de l'Arros.

Du pied du clocher vous disposez d'une vue remarquable sur cette vallée.

 

Au sommet d'un mamelon, le bourg de La Devèze était entouré d'une grande enceinte.

Le château fort occupait un des angles de cet enclos. Un mur d'enceinte particulier le séparait du reste du village.


Ladevèze Ville, La Maeleine, castelnau gascon
Vue aérienne du hameau de La Madeleine, schéma de l'enceinte datant du XIIIème s.
Ladevèze-Ville, La madeleine, castelnau gascon, plan
Plan cadastral du hameau au début du XIXème s.

Le clocher et les soubassements de l'église


Ladevèze-Ville, église Ste Marie-Madeleine

Le clocher de La Madeleine a perdu son église.

Au début du XXème s., la commune de Ladevèze-Ville entreprit de démolir ses trois églises pour rebâtir, à la place, une église unique, située au centre du territoire communal (qui ne fut jamais consacrée !).

De l'église Sainte Marie-Madeleine, il n'est resté que le clocher et les soubassements des murs. Ce clocher est le jumeau du clocher de l'église de St Laurent de Ladevèze-Rivière.

Le mur de soubassement de la nef, scandé de gros contreforts, est bien conservé.

Le soin apporté à sa construction (qualité de la taille de pierre, bandeau mouluré) montre l'importance qu'avait cette église. Les murs du chœur, en moellons, n'ont pas la même qualité de construction. Le soubassement de l'église se poursuit en avant du clocher, jusqu'à un gros contrefort d'angle, oblique, qui marque l'endroit où devait se trouver la façade.

L'arche de la "grande porte"


Ladevèze-Ville, La Madeleine, porte médiévale

Cette arche fait partie du soubassement d'une porte-tour (voir aussi "L'enclos du château et ses portes"), en grande partie démolie au 18ème s.

C'était la principale des 5 tours que comportait le village. Elle comportait un étage (peut-être même plusieurs) et se terminait sans doute par un parapet crénelé, surmonté d'un toit
(voir ci-contre une photo de la porte-tour de Sarrant, comme exemple)


La voûte de passage a été détruite. Deux murs adossés à cette tour ont également été détruits, il s'agissait probablement des murs d'une petite "barbacane", analogue à celle dont on peut encore voir un pan devant la porte du château. L'abbé Gaubin, en 1880, pouvait encore en voir quelques vestiges. Il nous apprend dans son livre qu'elle était de forme rectangulaire et de 1,70 m de dimension intérieure, trouée de 2 baies donnant accès aux courtines.

Le chemin des Embarrats


 Ce chemin longe les anciens fossés comblés, au nord et à l'ouest du hameau.

Sur son tracé nord, et au dessus du talus qui le longe, quelques vestiges d'enceinte restent apparents. Ils servent de soubassement à une maison.

Les seconde et troisième portes et vestiges de maisons



La 2ème porte se trouvait à la rencontre du chemin des Embarrats et de la petite rue du bourg (aux environs du puits). Aucun vestige n'en est plus visible.

En remontant la petite rue, on longe sur la droite des ruines de murs de clôture et de maisons, noyées dans une végétation abondante. Là, s'élevait encore au début du 20ème s. un groupe de maisons, aujourd'hui complètement détruit.

En contrebas de ces ruines, on peut encore emprunter le prolongement ouest du chemin des Embarrats qui correspond lui aussi aux anciens fossés comblés de la fortification. D'ailleurs deux anciennes mares en attestent.

La petite rue rencontre à son extrémité un chemin d'accès au village. Sur cette route (en descendant) se trouvait la 3ème porte du bourg. La présence de deux pans du mur d'enceinte de part et d'autre du chemin permet de localiser à peu près cette tour-porte, qui se trouvait évidemment sur le tracé du mur. Elle a entièrement disparu, détruite avec sa tour en 1767.

"Ces deux portes étaient elles aussi surmontées de tours carrées fort élevées" (nous apprend L'abbé Gaubin), ce qui étaient très courant dans les forteresses féodales de la 1ère moitié du 13ème siècle non remaniées ensuite (nous précise Viollet-le-Duc) : elles présentaient des tours très élevées et des courtines relativement basses".

L'enclos du château et ses portes


Le passage sous une arche de briques donne  accès à l'ancien enclos du château.

En passant sous l'arche, on aperçoit à droite quelques vestiges d'une des deux tours-portes qui gardaient les entrées du château. Le départ de l'arc de la porte est visible "en négatif" (les pierres ont été arrachés, mais le dessin  reste visible).

Le château est aujourd'hui occupé par une exploitation agricole. Des vestiges du mur d'enceinte sont visibles le long de la cour et du jardin, et sous la maison d’habitation. On ignore complètement l'aspect des bâtiments du château.

Il est probable qu'il y avait là une grande cour, avec des constructions adossées à l'enceinte.

Ladevèze-Ville, La Madeleine, porte-tour féodale

On sort du château en passant sous une tour-porte. Cette tour est la sœur jumelle de celle dont vous avez vu les vestiges à l'autre extrémité de l'allée. Ici le passage voûté a subsisté, ainsi que le premier étage (sur la moitié de sa hauteur). On y accédait par des portes à partir du chemin de ronde qui surmontait le mur d'enceinte. Deux autres ouvertures sont encore visibles à l'étage, les vestiges d'une archère (regardant l'extérieur de l'enclos) et une petite fenêtre (vers l'intérieur).

A l'extérieur de l'enclos s'élève un mur ruiné, c'est tout ce qui reste d'une sorte de barbacane, jadis adossée à la tour-porte.

Il est probable qu'un pont levis sur le fossé existait devant cette barbacane. Quand on le relevait, son tablier venait se rabattre devant l'ouverture de cette barbacane et en interdisait l'accès. Pour mieux vous représenter l'aspect d'origine de cet ouvrage, vous pouvez vous rendre à Auriébat, commune voisine de Ladevèze-Ville, vous y verrez une barbacane bien conservée devant la tour-porte qui jouxte l'église.

Derrière le mur de la "barbacane", on devine une mare. Il reste trois mares autour de l'ancien village, ce sont les restes du fossé continu qui l'entourait autrefois.

La "ville basse" "à los bachos" et sa tour-porte


Le bourg de Ladevèze était loin de s'arrêter aux limites de son enceinte fortifiée : l'abbé J. Gaubin précise dans son livre qu' "une délibération municipale du 21 mars 1768 (...) nous apprend que des glacis et des fossés larges et profonds comme ceux du château lui même, entouraient plusieurs arpents de vignoble du côté du Levant (l'Est). Ce contour formait une demi-lune, à l'opposite de laquelle, vers le Nord-Est, était une place où les anciens ont vu une grande tour en briques. Vers 1720, les fondements de cette tour furent enlevés. Cette demi-lune enfermait ce que la tradition locale a désigné sous le nom de Ville-Basse ("à las bachos"). A l'extrémité est, on se souvient d'avoir vu les restes d'une ancienne porte qui fermait l'entrée de la Ville-Basse."

Faut-il y voir un quelconque lien avec le chemin de "Baliots" qui descend vers Ladevèze-Rivière ?

Glossaire


Une barbacane est un ouvrage avancé, une sorte de redoute destinée à défendre une porte , un pont ou un passage quelconque ; elle peut prendre la forme d'un passage entre deux murs ou d'un ouvrage en demi-lune.

Une courtine est la muraille reliant deux tours. C’est au sommet des courtines qu’on trouve le chemin de ronde.

Un glacis est un terme désignant un terrain découvert, aménagé en pente douce à partir des éléments extérieurs d'un ouvrage fortifié (remparts) et qui avait  pour fonction de n'offrir aucun abri à d'éventuels agresseurs de la place forte et de dégager le champ de vision de ses défenseurs.